Mie

Kurihara






Née en 1971 au Japon, Mie Kurihara serait une possible représentante d’un cinéma dit naïf. Amatrice des petits formats (elle utilise essentiellement le Super 8), elle filme ce qu’elle aime sans autre souci que de satisfaire sa passion visuelle. Parmi les motifs qui lui sont chers, on trouve les insectes, les barbelés, ou encore les nuages qu’elle filme en time lapse. Ses voyages réguliers en Asie du Sud-Est (surtout en Thaïlande) font l’objet de ses deux derniers longs-métrages. Clouds, Bugs Barbed Wires est une invitation au voyage, une sorte de journal infime, porté par une voix lente et fluette. La bande-son composée de son commentaire sur ses propres images, dans un anglais très fonctionnel, confère à ces histoires quotidiennes une étrangeté particulière. Le film, tissé de rencontres, bascule imperceptiblement de l’humour à l’émotion tandis que le caractère faillible et ouvert de l’image, exposée à tous les accidents et à toutes les surprises, incarne quelque chose du rapport à l’autre.

Boris Monneau
2019


Alors qu'est-ce que je filmais si ce n'était pas des gens ? Des insectes. Ces 20 dernières années j'ai fait 8 films en 8mm, et 6 sont sur les insectes. Quand j'attache un zoom sur ma chère Fujica Z800, les petits insectes grandissent dans le viseur, et ils ont l'air totalement cool – comme dans Starship Troopers. Mais comme les insectes bougent, c'est difficile de faire le point et je peux dire tout de suite que le film développé ne sera pas bon, irregardable. Mais je ne peux pas m'arrêter de filmer à cause de l'excitation et de l'adrénaline que provoquent en moi les mouvements des insectes et le cliquetis de la caméra. Dans mes 20 années de cinéma, j'ai probablement gâché plus de 100 films et produit six à sept heures, voire plus, d'images inutiles d'insectes. Quand nos yeux se rencontrent comme ici, je ne peux pas m'arrêter de filmer alors je dois attendre qu'il s'envole, ou que la bobine s'achève.
A part les insectes, j'ai tendance à filmer des barbelés dans les terrains vagues. Je ne saurais pas expliquer pourquoi mais je les filme souvent. Peut-être parce qu'ils ont l'air cool quand on zoome, comme les insectes. J'ai compté 4 projets sur les barbelés. Un Japonais à Chiangmai qui aime voir les espèces de lézards du monde entier m'a dit une fois, pourquoi tu ne filmes pas les barbelés du monde entier ? Mais ce n'est pas ça. C'est plutôt... réunir tous les barbelés, plantes, insectes, nuages et lumières ensemble et les fondre dans mon travail sans noms ni significations ni rien mais juste comme des grains sur ma pellicule 8mm. Je veux faire un film comme ça – alors c'est pour ça que je filme des barbelés.


Mie Kurihara,
ainsi qu’elle s’exprime en voix-off dans
Clouds, Bugs, Barbed Wires













films
Winter Calm,  1994,  17 min
Air Son
,  1995,  25 min 
Level Blue
,  1999,  14 min
New Year 10 Days
,  2005-2007,  1h02
Area of No Sound,  2006,  13 min
Summer Grass 2/10,  2008,  10 min
Small Poetry
,  2011,  4 min
Chiang Mai, Chiang Rai, Luang Phabang,  2012,  42 min
Clouds, Bugs, Barbed Wires,  2014,  1h08
Slow Motion, Stop Motion,  2018,  2h33







Mark